J'ai eu la chance de rencontrer Simon Burgers, compositeur hollandais, homme d'un grande sensibilité et d'une vraie intelligence de coeur. Il a émis le désir de travailler sur la dernière partie de Mythologie Perso, texte centrale de La Trilogie du Moi que j'ai écrit il y a plus d'une dizaine d'années. Le projet a pris le titre Interstices. Simon a composé une musique inattendue et grandiose. Nous allons faire notre premier concert à Amsterdam au Plein Theater le 10 novembre 2019 à 15h : une grande joie.
Voici la traduction approximative de la présentation que vous pouvez lire sur le site du théâtre (ICI) :
« Interstices est une pièce captivante pour musique et voix. La thématique du texte est l’impact de la société de notre temps sur l’individu et la (im)possibilité d’y échapper. La musique électronique élargit le propos. Elle grogne, gémit, chuchote ou hurle en utilisant un monde de sons contemporains. »
Ci-dessous, un extrait du texte :
… Mais le rap poursuit son travail de sape. Il frappe. Discontinu et cru. Le rap continue de cracher, de cisailler l’univers. Il a pris l’apparence d’une sirène dont le chant comme une obsession tue tue tue tue tue. Je tape du pied. Le cœur cogne. Systole, diastole. J’aime pourtant ce monde dont on fait le tour sans relâche. Je suis comme une mère. Il est mon enfant. J’ai envie d’embrasser chaque recoin de son corps. Loin loin loin. A Alma-Ata ou Zanzibar. A Tashkent ou Lima. Embrasser, c’est-à-dire, tenir dans mes bras. Vraiment. Vite, dire et dire encore. Tout ce qu’on n’a pas pu dire, qu’on n’a pas su, ni osé, ni essayé. Cette fois peut-être. On boit. S’étourdir pour dire. On voit tout ce qu’il y aurait à dire, tout ce qu’on ne voit pas d’habitude et qu’il faudrait dire aussi, et tout ce qu’on ne peut pas, tout ce qu’on ne sait pas. Et on est là à boire, à dire autre chose que ce qu’il y a à dire, pas se contredire, non, mais du périphérique. Autour, tu sais, tous ces trucs autour, ces vautours autour qui patientent, eux. Le périphérique fait la conversation à la place des je t’aime, à la place des larmes, à la place des utopies. Le périphérique est encombré, c’est la tombée de la nuit, encombré de toutes ces autos : autocritique, autoflagellation, autosatisfaction, autotristesse, auto tout ça qui fait qu’on n’est pas avec l’autre…