6.12.15

"Quand la viande parle" à Paris

Allez voir Marie, Marjorie, Antoine et Julien au théâtre des Déchargeurs. Les événements de novembre n'ont pas permis aux salles de spectacle de se remplir. Pourtant, sous la houlette de Manu Doublet, ils prennent le texte de "Quand la viande parle" à bras le corps. C'est énergique et vivifiant.
Et ce n'est pas une mince affaire. En son temps, j'ai adoré écrire cet ensemble de scènes situées entre le nombril et le genou et aujourd'hui publiés aux Impressions Nouvelles.

Un aperçu de la mise en scène

L'affiche

7.11.15

Résidence à Kourou

J'ai passé le mois d'octobre à Kourou en Guyane à l'invitation du Théâtre de l'Entonnoir. Ma mission : créer la scénographie du spectacle "Les fils d'Ariane" joué par une centaine de lycéens et de jeunes de quartiers défavorisés dans une mise en scène de Ricardo Lopez Munoz et Magali Leris. Avec des élèves du lycée professionnel Elie Castor, leur professeur Denis Lepan et le régisseur Fabrice Lenouvel, nous avons construit un "Minotaure" de 5 mètres de haut, monté sur une remorque à bateau pour qu'il soit aisément maniable par deux ou trois personnes. Les dreadlocks de la bête sont composés de plus de 2000 bouteilles plastiques. Son museau a été réalisé en placage de bois exotiques. Sur scène, des yeux au bout de perches complètent le visage. 


Le Minotaure inachevé en voyage dans Kourou

Toujours en promenade

Me voilà en formateur menuiserie...

Le Minotaure couché en construction

Dans le ventre de la bête


Avec d'autres élèves et leur enseignant Paul Payet, nous avons réalisé des oiseaux de 2 mètres d'envergure qui sont fixés eux aussi au bout de longues perches et qui accompagnent le Minotaure. Icare, quant à lui, interprété par un lycéen, possède des ailes d'une envergure de 4 mètres. 

Premier vol

D'autres élèves encore, notamment de la classe ULIS de Béatrice Fillon, ont élaboré des masques hurlants. Bref il s'agit de tout un dispositif avec lequel les jeunes répètent aujourd'hui. Le spectacle se déroulera les 20 et 21 novembre au Centre Culturel de Kourou.

Exemple de masque (posé sur un établi)


J'ai ensuite fait écrire les élèves en adaptant le mythe du labyrinthe à leur quotidien d'aujourd'hui. Il y a des textes renversants. Pendant les vacances scolaires, plus de soixante jeunes sont venus tous les jours travailler avec nous pour l'élaboration du spectacle. Le travail en équipe (sans oublier Anne Meyer, la chorégraphe) a été un vrai bonheur. Un clin d'oeil à Isabelle et Jean-Luc.

Bas relief en répétition

Il y a trois ans, j'étais venu dans ce même lycée Elie Castor pour une une résidence intitulée "Le Cri de l'encre". Entre autre réalisation, nous avions construit un totem de 5,50 mètres avec des élèves CAP ébénisterie. Le rectorat de Guyane avait tenu à ce qu'il soit exposé à Cayenne. Le lycée a réclamé qu'il revienne. Il trône à nouveau dans la cour. Quelques enseignants m'ont dit inciter certains élèves à aller crier dans le totem quand ils sont trop turbulents...

Le totem au lycée Elie Castor en octobre 2015

16.9.15

Boites à cris

En échangeant avec mon amie autrice Christine Van Acker qui habite la Belgique et qui est fan de mes boites à cris, je me suis aperçu que je n'avais pas encore écrit d'article sur le sujet. Il s'agit pourtant d'une invention qui me tient à coeur. Je travaille depuis longtemps sur le cri, sur cet instant où tout s'efface et laisse le passage à quelque chose de plus important, d'inouï, d'incompréhensible, autant dans mon écriture théâtrale que dans mes préoccupations en arts plastiques.
L'ultime pièce courte de Quand la viande parle, édité aux Impressions Nouvelles s'appelle CRI ZÉRO. Ci-dessous le début de ce texte issu du livre.


1ère page de Cri Zéro, Quand la viande parle, ed. Les Impressions Nouvelles

Donc les boites à cris.
Ce sont des objets qui incitent le public à crier dedans. Il y en a de différents types et de différentes formes, souvent fabriquées dans des caisses de 6 ou 12 bouteilles, de préférence de grands crus... Toujours elles contiennent des instructions pour aider à vous mettre dans un état favorable.
Voici quelques exemples :

boite à cris whisky, collection particulière
Boite à cris whisky, instructions
1. Prendre la boite par les poignées
2. Regarder le gueulard
3. Mettre la tête dedans et crier
4. Boire si ça ne vient pas
5. Faire une pause en cas de double vue


boite à cris prototype, collection particulière
Boite à cris prototype, instructions 
1. Prendre la boite par les poignées
2. Regarder le gueulard
3. Inspirer
4. Mettre la tête dans la boite
5. Crier
6. Essuyer si nécessaire


Boite à cris jouis, collection particulière
Boite à cris jouis, instructions
1. Choisir un carré blanc
2. Le coincer dans la pince
3. Prendre la boite par les poignées
4. Fixer le carré blanc
4. Imaginer
6. Pousser votre cri joui
7. Choisir un autre carré blanc en cas d'échec (il y en a aussi des ronds et certains avec illustrations)


Moulin à cris
Moulin à cris, instructions
1. Tourner la manivelle
2. Observer la moitié de visage dans la glace
3. Crier en rythme avec la sculpture


Poêle à cris
Poêle à cris, instructions 
1. Saisir la poêle à cris
2. Faire monter la sauce
3. Laisser mijoter
4. Crier quand ça bout


Ti boite à ti cris
Ti boite à ti cris, instructions
Ouvrir, crier, fermer


boite à cris surprises

Instructions:
OH!

J'ai ainsi inventé une multitude de boites à cris et je continue. Je réponds aussi à des commandes. J'ai conçu par exemple une Boite à cris pour Couple qui a fait partie d'une liste de mariage... ou encore la Boite à cris J'existe, clin d'oeil à Guillaume, où il s'agit d'actionner la manivelle à musique pour prévenir avant de crier... ou simplement se donner du courage...


boite à cris j'existe

Autres boites visibles dans un article précédent : ICI
Le site de Christine Van Acker : LA


7.9.15

Retour dans le Perche

Il y a un an exactement avait lieu l'exposition point d'orgue de ma résidence à Moutiers sous la tutelle du Parc Régional du Perche. La sculpture intitulée "Paysvisage", réalisation finale de cette résidence, a passé l'hiver en extérieur à la Maison du Parc à Courboyer près de Nocé. Elle a vaillamment résisté aux intempéries. Et là voilà revenue sous le préau devant la mairie de Moutiers. Je suis allé vérifier si elle tenait la route. Aucun souci. J'ai bien fait mon travail, la construction est solide et n'a pas bougé. Le "Paysvisage" a conforté son état brut et rouillé de manière plaisante. 


Paysvisage au 06.09.2015


Nous en avons profité avec l'association La Passerelle et les habitants de Moutiers dont certains sont devenus des amis pour fêter cela et lever notre verre à la santé de tous. Ce fut un moment délicieux. Je remercie à nouveau le Parc (et Julie) de m'avoir permis de faire ces rencontres. De leur côté, les responsables du Parc doivent être heureux de constater qu'après un an les relations entre l'artiste qui a résidé là pendant un mois seulement et les monastériens qui lui ont fournis les matériaux utiles à la construction sont toujours aussi chaleureuses.






J'ai eu d'ailleurs plaisir à leur montrer quelques dessins de la série "Villages visages" issue du travail de cette résidence et d'autres choses encore que j'ai appelé Cris mondes mais ce sera pour un prochain article...

Articles précédents sur la résidence dans le Perche : ici et ici aussi
Articles précédents sur les Villages visages :  et là aussi

28.8.15

Village visages 2

Cet été, j'ai poursuivi la série de dessins intitulée Village visages. La mer y fait son apparition. Vous allez même deviner où je me suis rendu. Je vous invite à regarder en détail l'empilement de clins d'oeil, de figures et de motifs.

Village visages 20

Village visage 25

Villa visage 27

Village visages 21

Village visages 29

Village visages 26

4.7.15

Résidence au lycée Chennevière-Malézieux 6

Ma résidence sur le CRI au lycée professionnel Chennevière-Malézieux est terminée. C'est l'heure du bilan. Au delà des chiffres donnés aux institutions, il est difficile d'évaluer l'impact d'une telle résidence sur les élèves. Ce qui est sûr, c'est que le thème du Cri les a accompagné tout au long de l'année scolaire, à l'intérieur du lycée, en dehors du lycée, dans leurs conversations, dans leur tête, cf article précédent ici. Tous se sont interrogés sur la signification d'un tel thème, sur ce que crier veut dire intimement, donc sur leurs propres émotions, leur propre engagement, leur propre silence... Il semble aussi que la thématique ait généré de la parole. Lors de la restitution, les parents d'élèves (malheureusement peu nombreux) étaient étonnés de ce que leurs enfants avaient écrit, questionnés même et je suppose que cela a donné lieu à des discussions salvatrices en famille. Oui la parole. J'ai remarqué également que le respect petit à petit s'est installé lorsque venait le temps de la lecture à haute voix dans les ateliers d'écriture, que l'écoute des autres étaient meilleure. Certains ont compris que confidence n'est pas aveu de faiblesse. Au contraire. Bien sûr, tous n'ont pas participé comme je le souhaiterais mais puisque d'autres ont fait, le faire soi-même est devenu pour eux envisageable. Ce "envisageable" me paraît essentiel tant certains des lycéens sont enfermés dans un système qui les empêchent de penser, d'imaginer, de voir ailleurs. La résidence a permis cette ouverture. Ils savent que s'y engouffrer est possible. Peut-être leur faudra-t-il d'autres expériences analogues pour se lancer plus avant. Ou simplement du temps. 



Expo restitution


Les meilleurs indicateurs de cette "prise de parole" sont les textes eux-mêmes écrits par les lycéens et qui émaillent les articles précédents…
Sans l'avouer ouvertement, les élèves étaient fiers de voir leur production exposée comme en témoignent ceux qui venaient montrer leur texte ou leur dessin, ceux qui venaient lire le textes des autres, ou les retours positifs qu'ils ont eu de leurs enseignants et des adultes à l'intérieur du lycée (je pense en particulier aux agents d'entretien ou aux cuisiniers qui m'ont dit combien ils appréciaient tel ou tel écrit).
Au fur et à mesure du déroulement de la résidence, l'échange avec les lycéens a été plus aisé. Beaucoup m'ont abordé pour parler, me demander des renseignements sur le métier d'artiste, me questionner sur ce que je pensais de tel ou tel évènement. Certains m'ont amené des textes de leur cru ou fait écouter des chansons, voire des compositions musicales, même si je n'étais pas intervenu dans leur propre classe. D'autres m'ont réclamé : alors, monsieur quand est-ce que vous venez nous voir? Le temps manque toujours, pour les rencontrer tous, pour aller plus avant dans l'échange et la confiance.

Extrait d'un message d'une lycéenne avec laquelle j'ai retravaillé ses textes : "Monsieur, actuellement je suis à six chansons que j'ai composées et ma meilleure amie aussi en a fait d'autres, elle chante très bien, nous formons une bonne équipe. Y a-t-il une chance pour vous de trouver un studio d'enrichissement (sic)..."


La résidence a été chaleureusement accueillie par les enseignants. J'ai compris cependant que certains au départ étaient en réticence ou en attente. Très rapidement, sans doute par le bouche à oreille, également à la vue de la production des élèves, il a été entendu que j'allais dans le même sens qu'eux, avec le même souci de faire progresser les élèves mais par des voies différentes. Cette confiance est une des grandes réussites de la résidence. J'ose même penser avoir convaincu les plus dubitatifs du bien fondé d'une telle entreprise: je vois encore un enseignant hostile en octobre venir à la restitution en mai avec son épouse et lui montrer parmi les textes exposés ceux qu'il avait repérés et aimés. Enfin la connivence immédiate avec Monsieur Galeazzi, Madame Bruant et Monsieur Yani, en quelque sorte le triumvirat qui pilote le lycée, a été primordiale pour la bonne marche de la résidence et la compréhension par tous du travail effectué...



22.6.15

H+ypothèse

L'écriture de ma saga "Perdus dans l'immensité" se poursuit. J'en suis à la saison 5. Depuis plusieurs années, Gabriel Debray, directeur du Local, me soutient dans cette entreprise et met en scène avec son groupe d'amateurs la première bouture de textes dont l'encre est encore fraîche. Voici donc "H+ypothèse" et c'est ce week-end, 18 rue de l'Orillon, Paris 11, vendredi 26 juin et samedi 27 juin à 20h30, dimanche 28 juin à 17h...


18.6.15

Village visages

Comme chaque année, j'ai participé à l'ouverture des ateliers avec les Lézarts de la Bièvre le week-end dernier. Cela m'a permis d'exposer pour la première fois une nouvelle série de dessins que j'intitule "Village visages" et qui sont issus de ma résidence dans le Perche lors de l'été 2014. En voici quelques uns...

Village visages 1

Village visages  5

Village visages 7

www.lezarts-bievre.com/

17.6.15

Résidence dans le Var

A la demande du principal du collège Alphonse Daudet de La Valette du Var et de la directrice de l'école La Salvatte du Revest-les Eaux, j'étais en résidence dans le Var pendant la première quinzaine de juin. J'ai pu poursuivre mon travail sur le cri et le portrait et le faire partager aux élèves. Il est difficile de relater en quelques mots la richesse des échanges. Collégiens et écoliers ont écrit des textes d'une grande pertinence ou réalisé des dessins d'une rare qualité. 


Un exemple de consigne en plusieurs étapes avec une classe de quatrième: se souvenir d'une émotion forte qui vous a amené au cri, garder secret la raison de cette émotion mais écrire ce qu'elle produit concrètement dans le corps (en illustration je leur lis un passage de ma pièce "Tel Père" éditée chez Lansmann), puis après avoir visionné des tableaux abstraits et exprimé en classe l'effet qu'ils produisent faire le dessin abstrait de votre émotion, enfin revenir au texte en écrivant à même le dessin des extraits ou de nouveaux passages. C'est un plaisir que de voir une classe entière se lancer dans l'aventure et se saisir de l'occasion pour aller à la découverte de soi, des autres.

La frise de 15 mètres de long en cours de réalisation par une autre classe de quatrième

Un autre exemple de consigne avec des écoliers de CP cette fois: trouver les mots qui composent un oeil, les utiliser pour dessiner un calligramme, écrire une phrase qui raconte ce que l'oeil voit. La phrase de Diégo : "l'oeil voit ce qu'on lui montre" ou celle d'Antonin: "l'oeil voit la trousse de ma voisine"...

Elèves de CP en composition de cris à partir de photocopies à découper

J'ai présenté également au CP les deux tableaux peints pendant ma résidence. Leur réflexion et leur analyse étaient sidérantes. "Ils se tiennent par les yeux"...

Village visages A



22.5.15

Résidence au lycée Chennevière-Malézieux 5

La résidence au lycée s'achève. Il y aura une restitution-vernissage des travaux des élèves autour du CRI le 28 mai à 17h30 au lycée.

33 avenue Ledru-Rollin 75012 Paris

Je reviendrai avec un bilan sur cette résidence mais je tiens déjà à saluer l'ensemble de l'équipe pédagogique qui a saisi l'opportunité d'une approche différente et a intégré le cri, chacun à sa manière, dans la trame de son enseignement. Deux exemples non immédiats, composer un haka (le cri des rugbymen néozélandais) en anglais ou entamer une chorégraphie hip hop sur ce thème en EPS...
De nombreux élèves de secondes en maintenance et productique doivent se familiariser avec le programme Solidworks qui permet de dessiner des pièces de mécanique en 3D. Avec Monsieur Sabri, leur enseignant, nous leur avons proposé de construire des maquettes de masques criants. Cela a amené les lycéens à découvrir et utiliser des fonctions qu'ils ne connaissaient pas ou à réfléchir à des problèmes de perspective quand le logiciel refusait de répondre à leur demande. Ces masques seront bientôt imprimés en 3D. En voici un aperçu...









23.4.15

Tu Trembles au théâtre 95

Nous reprenons avec un grand plaisir Tu Trembles au théâtre 95 à Cergy les 11, 12 et 13 mai 2015.




Le monde me paraît de moins en moins lisible, non seulement en raison du nombre pléthorique de messages qu'on reçoit à son propos en continue, mais aussi par le contenu même de ces messages qui cherchent moins à rendre compte d'une vérité qu'à atteindre de manière aigüe (en raison justement du nombre) ce que les gens de marketing appellent une cible. De ce fait, ils sont porteurs d'une intention propagandiste et ainsi orientent, colorent, biaisent, brouillent toute analyse et donnent une image volontairement tordue du réel. Y voir clair devient surhumain. Le théâtre heureusement peut encore nous y aider. La scène agit comme un prisme et révèle les couleurs cachées dans la lumière blanche et aveuglante des écrans. Car oui nous n'avons d'informations sur ce qui se passe sur terre hors nos propres voyages, hors nos propres rencontres, que virtuelles. Le théâtre, art du présent, permet ensemble de penser le présent. La salle est plongée dans le noir; une voix, un corps, des mouvements; ce sont "je" et "nous" qui s'animent le temps de la représentation sous l'éclairage contrasté de la scène laissant une grande part à l'ombre, à l'imaginaire de chacun, à la réflexion en commun donc; puis tout redevient noir. Mais différent, c’est-à-dire avec un désir accru d'échanger. En tout cas c'est le pari que j'essaie de relever avec la saga Perdus dans l'immensité dont Tu Trembles est la saison 1.

C'est aussi pourquoi j'avais été touché par le mail d'une spectatrice lors des représentations au théâtre de l'Opprimé et que j'ai relaté dans une page précédente : ici