23.12.14

Tu trembles 4

Nous voilà dans la dernière ligne droite de la création de "Tu trembles" avec la Charmante Compagnie. Le projet se complexifie, devient toujours plus passionnant. J'ai hâte de jouer, de sentir les réactions du public, de lever mon verre à votre santé après la représentation…
Clin d'oeil, le spectacle commence par : "c'est fini…"
Il y a une mariée, un crooner, des gens qui se la pètent et d'autres qui font comme ils peuvent, bref un raccourci de notre monde qui tremble malgré le réchauffement climatique…

La mariée (Juliette)

Le crooner (votre serviteur)

Ceux qui se la pètent (Juliette et Karim)

Pendant le mois de janvier, la Charmante Compagnie anime une "carte blanche", cadre dans lequel se joue "tu trembles". Aller voir sur le site, il se passe plein de trucs passionnants: lecture, expositions, débats, projections, concerts…
Les représentations de "Tu trembles" sont du 7 au 25 janvier, les mercredi, jeudi, vendredi, samedi à 20h30 et le dimanche à 17h, au théâtre de l'Opprimé, 78 rue du Charolais, 75012 Paris, réservation 01.43.45.81.20.
Dernière remarque, le spectacle est en lien avec ma résidence sur le cri au lycée Chennevière-Malézieux (cf article précédent). Tout se tient.
A bientôt, donc…

Bruno Allain





17.12.14

Résidence au lycée Chennevière-Malézieux

Depuis octobre, je suis en résidence au lycée Chennevière-Malézieux, un lycée professionnel situé dans le 12ème arrondissement de Paris où l'on étudie entre autres la chaudronnerie, la maintenance, l'usinage. Cette résidence s'inscrit dans un dispositif financé par l'Académie de Paris et la DRAC Ile de France. Elle est également soutenue par ARCADI et la Fondation du Crédit Mutuel en partenariat avec les Ecrivains Associés du Théâtre et la Charmante Compagnie.
En résidence? Qu'est-ce que cela signifie? En bref, un temps de présence inhabituellement long (plus de 150 heures) à l'intérieur de l'établissement en compagnie des élèves. Voici comment nous présentons le projet, le proviseur monsieur Galeazzi et moi-même.


La violence naît de la distance trop grande entre désir et objet du désir. Ce que l'on souhaite, on ne peut l'atteindre. L'écart s'avère à tort ou à raison irréductible. Cette incapacité à obtenir, en particulier quand elle se répète, est un déclencheur de gestes qualifiés d'irréparables.
Toute la philosophie de l'école, comme nous l'a rappelé le fameux film documentaire de Nicolas Philibert au titre évocateur « Etre et avoir », prône l'épanouissement de l'être en regard du besoin d'avoir. D'autant que ce besoin d'avoir est exacerbé, voire créé de toute pièce, par la société de consommation.
Nous vivons dans un univers corrosif dont la nécessité du « toujours vendre plus » gave les individus comme des oies et liquéfie l'identité. Tout notre environnement surchargé d'objets magnifiés rendus désirables nous incite à avoir et non à être, à posséder pour soi et non à exister avec autrui. Le paradoxe est que l'offre est si multiple et si vantardisée par la publicité qu'il nous est impossible d'acquérir ne serait-ce que le minimum en apparence indispensable et que la frustration chronique nous gagne. La société du spectacle cloisonne et isole, annonçait Guy Debord, constat repris aujourd'hui par nombre de philosophes à commencer par Bernard Stiegler. L'une des manifestations de cette corrosion la plus évidente est le faux-semblant : faux-semblant du culte de l'individu en individualisme, faux semblant du relationnel entre personnes en liens internet et autres réseaux sociaux virtuels...etc...
N'oublions pas que les adolescents sont désignés comme des cibles notoirement intéressantes car malléables, influençables et par définition pleins d'avenir. Voilà évidemment qui n'explique pas toute la violence mais permet une entrée en matière qui concerne les lycéens. Je propose de suivre cette piste pour traiter avec eux cette question de la violence et celle induite du passage à l'acte.

Thème de la résidence : LE CRI

Pourquoi crier ?
pour libérer sa peur, sa rage, son angoisse, son énergie, sa colère, son désespoir, son impuissance, son trop-plein…
« La violence est ce qui ne parle pas » dit Gilles Deleuze... donc pour tenter d'évacuer cette violence-là...
parfois pour faire partager sa joie, sa réussite, son amour...
Trop souvent les paroles entre adolescents se résument à des moqueries, insultes, invectives, critiques, provocations et ça dégénère.
Le cri comme porte d'entrée pour aller plus loin, dépasser la violence verbale et physique, mettre des mots sur tout cela qui anime et bouillonne, nommer ce qui d'habitude est tu.
Le cri, c'est aussi la manifestation d'un engagement, il est la parole qui perce le silence dans l'espace publique. « Allier le pessimisme du constat à l'optimisme de la volonté » disait Gramsci. En ce sens, le cri est l'expression d'un espoir, d'un acte dans le but de changer le monde et de mieux vivre ensemble.
Par le décalage qu'il propose, le thème du cri ouvre la porte à des déclinaisons en nombre, et ce dans l'ensemble des disciplines : ateliers d'écriture, travaux en arts plastiques mais aussi en technologie, en langue, en science..., approches du théâtre... L'exploration du cri dans toutes ses manifestations est l'objet artistique de la résidence.


Avec les élèves de 3ème prepapro et leur professeur d'arts plastiques, monsieur Duchesnes, nous avons travaillé sur un logo de la résidence qui symboliserait le cri. Voici le projet qui a été sélectionné par le Conseil des délégués pour la Vie Lycéenne:




Enfin voici deux textes, toujours écrits par des élèves de la 3è prepapro. D'autres suivront.

Je n'ai plus de sourire
Jambes vides
Coeur affaibli
Visage décomposé
Plus le même
L'impression de n'être que verre extrêmement fragile
Envie de pleurer
Ne pas parler
Ne plus chanter
Le rire me fait mal dans tout le corps
L'impression que la terre s'écroule sur moi
Comme si je ne pouvais vivre
Un morceau de rien
De la poussière
Plus de cœur
Plus de corps
Plus de membres
Plus que de la fumée
Vivre sans vivre
Etre heureux en étant malheureux
Ne plus être le même
Pleurer du cœur mais pas de physique
Se sentir dans la pénombre
Nul nul nul
Etre un cas à part
Maux de tête insupportables
Etre comme un zombie
Etre rien rien et encore rien
Ne plus voir clair
Avoir un mal très profond
C'est ce qu'il y a de plus triste


L'homme rentre du travail. Il saisit la poignée et ouvre la porte. Il voit un trou noir qui aspire son corps et il crie de toutes ses forces :
- Où suis-je ?
Il fait noir, il fait froid. L'homme crie :
- Il y a quelqu'un ?
L'homme entend l'écho de sa voix. Il continue à marcher sans savoir où il va. Tout à coup il entend une voix de femme :
- Viens vers moi.
- Qui est-ce ? dit-il en tremblant.
- Une personne qui peut t'aider, dit-elle d'une voix douce.


Le coin des logos ;-)









10.9.14

Résidence dans le Perche

Je viens de terminer une résidence à Moutiers-au-Perche dans l'Orne à la demande du Parc naturel régional du Perche. 

Rue de l'église
L'aventure a été grandiose, chaleureuse, épuisante, et s'est terminée en apothéose avec le vernissage le samedi 6 septembre 2014. Voici comment j'avais présenté le projet  :

Depuis plus de dix ans, je travaille sur le visage et le cri, en tant que plasticien et en tant qu'homme de théâtre. J'utilise différentes approches, figuratives ou non, à deux ou trois dimensions, en me servant de l'aquarelle, de collages, d'assemblages en 3D, du bois, du métal, de matériaux de récupération, voire par le biais de performances  : boîtes à cris, écritures et lectures publiques, portraits exécutés en direct... etc

Bérengère

J'aimerais susurrer ou simplement dire à l'oreille, doucement, mais face à l'agitation trépidante du monde crier me paraît nécessaire. Non pas pour s'insurger contre la modernité, mais au contraire pour l'accompagner, ne pas la laisser aller toute seule sans réflexion, sans vision, à la merci du seul désir consumériste, et ainsi contribuer ensemble à l'infléchir vers plus d'ouverture et moins de maléfice.
Je puise mon inspiration au milieu des autres, non pas seul dans une tour d'ivoire. J'ai besoin du bruissement du monde, de la mélodie du vent comme du crépitement des inventions humaines.

La boutique de monsieur Huchon

Dessiner ou écrire, c’est d’abord regarder, écouter, observer, saisir une atmosphère, un horizon, relever le détail qui donne à entendre l’ensemble. C’est ensuite laisser l’imaginaire s’emparer du concret et l’engager à voir plus loin  : un cerf-volant ne vole que parce qu’un fil le relie à la terre. Visage et paysage  : double mouvement, le monde nous façonne et nous façonnons le monde.
Mon quotidien d’écrivain, d’homme de théâtre, de plasticien est tout entier consacré à ce travail d’éclaircissement de ce qui nous entoure  : ma façon d’être AU monde.

La Fourelière

Je souhaite  :
Dans un premier temps m'imprégner du lieu : établir un journal de bord composé d'aquarelles (paysages, lieux, éléments du patrimoine, portraits de personnes rencontrées...) et de prises de notes d'impressions, de ressentis

Jean-Noel
Dans un deuxième temps croquer des transpositions de ce travail effectué sur le motif  : esquisses pour l'oeuvre à venir, libre cours imaginaire à l'aide de différentes techniques, collage et assemblage...
Dans un troisième temps réaliser un paysage issu de tout le travail précédent en utilisant des matériaux de récupération  : plastique, bois, métaux rouillés... Ce paysage en relief d'au moins 2mx2m doit évoquer à la fois la particularité du Bocage, à la fois la nécessité de le préserver/faire vivre en redonnant une seconde vie à ce que notre société de consommation rejette.


Etudes de haies à contrejour
Les photographies des œuvres qui émaillent cet article illustrent le travail effectué. Les habitants m'ont apporté les objets de récupération qui ont servi à construire la sculpture. J'ai été accueilli avec générosité. Sans restriction. Des jeunes gens vivent là par choix. Ils essaient de penser le monde autrement et  mettent en pratique leurs convictions  : entraide, mise en commun, respect de la terre, réduction des gaspillages, retissage du lien social... etc... Ils m'ont enthousiasmé. Je les salue, eux et les plus anciens qui les accompagnent  : Brigitte, Danielle et Jean-Marie, Fantine, Sophie et Fred, Fanny et Jonathan, Annabelle et Benoît, Emilie et Hervé, Michel, Laurence et Fred, Josette et Patrice, Bérengère, Jeannine, Nathalie, Chantal, Gilles, Gilbert, Jean-Noël et Serge, Christine, Jacques, Colette et Alain, Yannick... et bien sûr Julie du Parc qui m'a soutenu tout au long de la résidence avec le sourire en permanence…

Ci-dessous l'oeuvre finale que l'on peut voir à la mairie de Moutiers-au-Perche

Paysvisage
environ 2m x 2m, matériaux de récupération
Quant aux aquarelles, elles seront exposées à la maison du Parc au Manoir de Courboyer (Nocé) de janvier à juin 2015.

30.6.14

"Tu trembles" suite 3

Et voilà que l'aventure de "Tu trembles" se poursuit. Nous présentons maintenant le spectacle à la Gare au Théâtre pour le festival "Nous n'irons pas en Avignon".



Je me permets un coup de projecteur sur Lucas Barbier, notre musicien qui compose sur scène en direct. Un phénomène. Quel bonheur d'inventer avec lui!

Aquarelle en répétition

TU TREMBLES
de Bruno Allain
mise en scène Marie-Christine Mazzola
collaboration artistique Clémence Laboureau
musique Lucas Barbier
costumes Pétronille Salomé
lumière Tanguy Gauchet
avec Bruno Allain, Juliette Allain, Lucas Barbier, Karim Khali et Tamara Al Saadi
du mercredi 2 au dimanche 6 juillet à 19h00
Gare au Théâtre
13 rue Pierre Sémard, 94400 Vitry-sur-Seine
RER C - train ROMI ou MONA - gare Vitry-sur-Seine
Réservations
Tél  01 55 53 22 26

29.6.14

Face aux cristaux liquides

Ce week-end a été présenté au Local "Face aux cristaux liquides", un de mes derniers écrits en prise direct avec le monde d'aujourd'hui. Des couples se croisent et s'entrecroisent. Ils expriment leur difficulté à aimer tant ils se trouvent attirés, monopolisés, endoctrinés, enfermés par la multiplicité des écrans qui nous entourent et au final les voilà éjectés d'eux-mêmes. Un moment intense. Un moment aussi où le public a beaucoup ri.


6.6.14

Visages en relief

Dans "S'amuse s'ennuie", troisième volet de ma saga "Perdus dans l'immensité", le personnage de l'artiste s'interroge sur son parcours, questionnement évidemment qui rejoint le mien. En voici deux extraits, fruits de mon travail sur le visage.

"… Qu’est-ce que je cherche avec tous ces visages ? Qu’est-ce que je cherche à figer qui est fugitif ? La singularité de chacun ? Ou au contraire un point commun à tous et qui n’est pas défini, voire chimérique ? Le visage humain m’interroge comme je m’interroge moi-même. Et ce qui m’interroge, ce n’est pas l’individu seulement, l’un puis l’autre puis l’autre encore, déconnecté du tout. Non, au contraire, c’est l’individu en sa qualité de faire partie du tout, en lien avec le tout, inséparable. Peindre un visage, c’est peindre le monde. Le monde et le rapport que ce visage entretient avec le monde. Et donc le rapport que moi-même j’entretiens avec le monde et que je capte dans le visage de l’autre. Peindre un visage, c’est peindre le temps qui nous appartient, le modèle et moi, ce temps de travail ensemble que l’on se donne mutuellement. Dit autrement, peindre un visage, c’est peindre l’individu en ce qu’il est proie du monde, embarqué dans la nef du monde. Tout comme moi. Là peut-être réside le point commun. A la fois otage et acteur, à l’image du modèle et du peintre. Ce lieu de friction me fascine. En voulant s’affranchir, l’homme fabrique son propre enfermement dont il cherche à nouveau à s’affranchir en fabriquant à nouveau… etc… En cette désespérante course vers l’espoir réside la dynamique qui fait que vivre vaut le coup. Néanmoins cet appétit demande confirmation en permanence dans le regard de l’autre…"


Appel


"… Ce qui importe, c’est le temps. Le temps de peindre le portrait. Au départ, les gens sont mal à l’aise. D’eux-mêmes, ils ne montrent que le visage social, le masque. Mais petit à petit, ils oublient que je les observe, ils lâchent prise et se perdent dans leurs pensées. Un court instant, le visage se modifie. C’est le même pourtant. Mais la frontière derrière laquelle ils se cachent s’efface. Quelque chose jaillit du plus profond de l’être, perce la surface, éclabousse le regard. Toujours, je l’ai constaté, émerge alors une figure tragique. Eblouissante. C’est cet instant-là que je traque…"


Visage stop


Les 14 et 15 juin prochain, j'expose les dernières avancées de ce travail sur le visage. C'est à l'occasion des portes ouvertes des Lézarts de la Bièvre.


Foyer des jeunes travailleurs
21 rue Daubenton 75005 Paris
Le samedi 14 juin de 14h à 18h
Le dimanche 15 juin de 14h à 20h

D'autre part, le samedi 14 juin à 11h, je donne RV au bassin du Parc Kellermann, 75013 Paris, où sont érigées en permanence trois de mes sculptures. Je vous les ferai découvrir…


Nom prénom adresse


Au plaisir de vous voir.
Bruno Allain


Visage rapide



6.5.14

"Tu trembles" suite 2

Les représentations de "Tu trembles" se poursuivent jusqu'au 18 mai 2014 au Local, cf article précédent… Je suis heureux de ce travail avec la jeune et "Charmante Compagnie". 


Pour interpréter le passage qui suit et qui peut paraître mystérieux sans le contexte du spectacle, j'ai eu le désir en amont de "peindre" la vision du personnage. Je vous laisse faire les liens…

… Zoom avant et tu approches, lent, les deux mouvements se renforcent, indiquent une recherche, une excitation, un suspens, alors? et si? j’adore, couleur bleue virant sur le marine profond, insondable. Passage d’un plan fixe à un autre puis un autre, fixe fixe fixe, rapide, efficace, alarmant, où suis-je? il se passe quoi? danger! pour moi, c’est vert, presque fluo, comme au printemps quand ça pousse de façon irrésistible, agaçante. Travelling de gauche à droite, récitation, je vous expose tout ça bien joli que je sais, jaune citron acide, à la fois nostalgique et lancinant, je déteste, je n’en fais jamais. Je préfère les suites d’images rapprochées, séquence macro, enchaînement de détails rendus mystérieux sans le contexte, où? qu’est-ce? mener l’enquête, rouge sang qui coule et se fige. Chaque couleur se métamorphose en émotion explosive, noir souffrance, je ne dors plus, m’est devenu impossible, je me consume, ne regrette pas. Au contraire. Je voltige, je scénario, je frénésie, je en direct, je filme comme peinture abstraite, je fleuve, je prodige, je pomme, je carte blanche

Extrait de "Tu trembles" de Bruno Allain

Elvis 1


15.4.14

"Tu trembles" suite 1

Salles pleines, retours élogieux, les premières présentations du travail en cours sur "Tu trembles" à Confluences sont couronnées de succès. Nous finalisons le spectacle en vue des représentations au Local, 18 rue de l'Orillon, 75011 Paris. Ça commence le 1er mai… tout un symbole…



Voici un aperçu de l'ambiance lors des répétitions: il s'agit de l'entrée en scène de "Nat", un grand moment…

...Regarde ma taille, tu l’as dit, le rêve, elle te reste gravée au-dedans, boss, à coups de pic à glace dans tes neurones, beau gosse, Nat te dynamite le cerveau, feu d’artifice allegretto. C’est fini pour la journée, tu ne vas plus penser que Nat, chacun de tes mouvements, de tes traits de génie seront pour Nat, chacune de tes pulsations, de tes inspirations, de tes parenthèses avec l’esprit noyé dans le kamasoutra seront pour Nat. Nat, mon chéri, te bouffe total l’espace mental… 
(extrait de "Tu trembles")


Aquarelle par Bruno Allain

11.4.14

Cris inattendus

Je travaille sur le cri. Pas seulement en arts plastiques. J'aime

éCRIre
ou encore

écRIRE
...
Dimanche dernier, je vais sur le marché. Voici ce que je trouve sur l'étal du maraîcher…

Cri céléri
collection particulière...

Lors de mon dernier voyage en Guyane, je fais une autre rencontre sidérante, là, à mes pieds, en marchant sous la forêt près de Sinnamary:

Cri au kilomètre 72

Crier, parler, chuchoter. Dans le crépitement du monde, comment se faire entendre?

23.3.14

"Tu trembles"

Et voici que commence la série de représentations de "Tu trembles", premier volet de ma saga intitulée "Perdus dans l'immensité", librement inspirée des articles du journal du Monde du 1er février 2008. Je participe au spectacle en tant qu'auteur, acteur et plasticien. Je m'entends à merveille avec la metteure en scène Marie-Christine Mazzola et toute l'équipe de la Charmante Compagnie. Ils ont trente ans ou moins et une pêche d'enfer. Je suis heureux de ce travail. C'est le début d'un parcours sur plusieurs années -écritures organiques et innovations échevelées- que j'espère fructueux. Venez nous voir!

Samedi 12 avril à 20h30
Dimanche 13 avril à 18h
Confluences, 190 boulevard de Charonne, 75020 Paris
Réservations: 01 40 24 16 46


Le Cri de l'encre

Du 22 janvier au 22 février 2014, j'étais en résidence au collège Henri Agarande à Kourou en Guyane. L'opération intitulée "Le Cri de l'Encre" avait pour but de donner aux élèves la possibilité d'exprimer leur violence autrement : écriture, théâtre, arts plastiques… c'est-à-dire de ne pas garder pour eux leurs souffrances, leurs rancoeurs, leurs doutes, leurs idées mais de partager. Avec la collaboration étroite de l'équipe pédagogique et l'aide du Théâtre de l'Entonnoir, j'ai rencontré et fait travailler environ cinq cents élèves, c'est-à-dire la moitié de l'établissement, en insistant sur les classes SEGPA, ULIS… donc en m'adressant plus spécialement aux collégiens en difficulté. Résultat: une production foisonnante et inattendue, témoignages écrits, saynètes, poèmes, visages gueulants, masques, sculptures hurlantes, voire chaises à cris…

chaise à cris

Cris en argile, masques en techno, grands gueulards 

Dessins et textes

J'ai envie de le tuer
Il est toujours là
entrain de m'insulter
et quand il m'insulte
mon crâne commence à chauffer
Et là
une colère surgit en moi
J'ai envie de crier
comme un homme
à qui on a tué la femme
sous ses yeux
Et dans ma tête
j'entends une voix
qui me dit
tue-le tue-le
tue-le tue-le
Ou comme un chien
à qui on a arraché son os
Le voir courir autour de moi
entrain de m'insulter
Là j'ai envie
de lui tirer une balle
Le voir sourire
je veux lui couper la tête
Le voir chanter
ma tête prend feu
et j'ai envie de crier
hurler je le hais je le hais
Il m'énerve il m'énerve
Aaaaa !

Un élève de 5ème


Chaise à cris ensemble


Comme souvent en métropole, mais prenant ici un aspect particulièrement aigu, les relations entre élèves oscillent entre moqueries et bousculades. Et parfois ça dégénère. Rien d'autre ou presque, absence chronique d'échange et de dialogue. Je ne leur jette pas la pierre. La cour d'un collège est une image révélatrice de notre société. Le soi disant humour basé sur le déjà vu des émissions "people" ou la fascination à peine voilée de la violence récurrente dans les séries policières en sont une autre image. Face à cette niaiserie ambiante qui s'insinue dans nos coeurs par le biais des nouvelles technologies dont les commanditaires préfèrent les "cerveaux disponibles" à l'émancipation des êtres, il convient de se révolter. Il n'y a pas de fatalité. L'organisation actuelle du monde (économique et politique) n'est pas la seule viable. L'éducation comme la formation sont des priorités absolues que nous devons soutenir et auxquelles j'encourage tous ceux qui le peuvent à participer.




8.1.14

En avant 2014

Démarrage en fanfare en ce début d'année, en particulier avec "Tu trembles" sur lequel travaille La Charmante Compagnie et la captation vidéo des 40 premières minutes du spectacle à venir. Merci à Gabriel Debray du Local de nous avoir permis de mener cette courte résidence entre le 2 et le 4 janvier. J'aurai des images bientôt. Clin d'oeil à Marie-Christine Mazzola et toute l'équipe...
aperçu du décor


D'autre part, et j'insiste, une autre jeune équipe, Organe Théâtre, crée à Lyon au Croiseur une version décoiffante de "Quand la viande parle". Si vous y êtes entre le 21 et le 25 janvier, foncez! Ça déménage. 

photo affiche
Mise en scène
Céline BERTIN
Création Lumière
Mélanie DURET
Avec
Basile LAMBERT
Sterenn SÉJOURNÉ
Romain BERTRAND
Clémence VINCENT
Céline BERTIN
et Leila MAHI pour le
second rôle et l‘assistance
à personne en danger

Infos et réservations : 04 72 71 42 26 // infos.scene7@gmail.com // www.scene-7.fr
Tarifs: 12 / 8 / 4 euros

Enfin, j'anime un stage d'écriture le dimanche 19 janvier de 10h à 18H au Croiseur en collaboration avec Scène 7. 


Le Croiseur
4 rue Croix-Barret
69007 Lyon
Métro B : Jean Jaurès