25.10.19

Interstices

J'ai eu la chance de rencontrer Simon Burgers, compositeur hollandais, homme d'un grande sensibilité et d'une vraie intelligence de coeur. Il a émis le désir de travailler sur la dernière partie de Mythologie Perso, texte centrale de La Trilogie du Moi que j'ai écrit il y a plus d'une dizaine d'années. Le projet a pris le titre Interstices. Simon a composé une musique inattendue et grandiose. Nous allons faire notre premier concert à Amsterdam au Plein Theater le 10 novembre 2019 à 15h : une grande joie.
Voici la traduction approximative de la présentation que vous pouvez lire sur le site du théâtre (ICI) : 

« Interstices est une pièce captivante pour musique et voix. La thématique du texte est l’impact de la société de notre temps sur l’individu et la (im)possibilité d’y échapper. La musique électronique élargit le propos. Elle grogne, gémit, chuchote ou hurle en utilisant un monde de sons contemporains. »


Ci-dessous, un extrait du texte : 

… Mais le rap poursuit son travail de sape. Il frappe. Discontinu et cru. Le rap continue de cracher, de cisailler l’univers. Il a pris l’apparence d’une sirène dont le chant comme une obsession tue tue tue tue tue. Je tape du pied. Le cœur cogne. Systole, diastole. J’aime pourtant ce monde dont on fait le tour sans relâche. Je suis comme une mère. Il est mon enfant. J’ai envie d’embrasser chaque recoin de son corps. Loin loin loin. A Alma-Ata ou Zanzibar. A Tashkent ou Lima. Embrasser, c’est-à-dire, tenir dans mes bras. Vraiment. Vite, dire et dire encore. Tout ce qu’on n’a pas pu dire, qu’on n’a pas su, ni osé, ni essayé. Cette fois peut-être. On boit. S’étourdir pour dire. On voit tout ce qu’il y aurait à dire, tout ce qu’on ne voit pas d’habitude et qu’il faudrait dire aussi, et tout ce qu’on ne peut pas, tout ce qu’on ne sait pas. Et on est là à boire, à dire autre chose que ce qu’il y a à dire, pas se contredire, non, mais du périphérique. Autour, tu sais, tous ces trucs autour, ces vautours autour qui patientent, eux. Le périphérique fait la conversation à la place des je t’aime, à la place des larmes, à la place des utopies. Le périphérique est encombré, c’est la tombée de la nuit, encombré de toutes ces autos : autocritique, autoflagellation, autosatisfaction, autotristesse, auto tout ça qui fait qu’on n’est pas avec l’autre… 

24.10.19

Performance

Avec la Force des Arts, association créée par Véronique Leblanc, nous nous efforçons de faire connaître l'expérience que nous avons vécue à l'accueil de jours les Balkans l'hiver dernier. 
Voir ICI
Nous poursuivons un cycle de performances qui accompagnent l'exposition de la grande toile, effectuée avec les personnes âgées. La prochaine aura lieu le 21 novembre à la Mairie du 20ème arrondissement de Paris.



Les Petits Enfants

Beaucoup d'évènements ces derniers mois, en particulier l'écriture de Les Petits Enfants, suite à une commande de Alain Bellet pour les Chemin de la Tolérance, un festival du Val d'Aigoual.  C'était en août dernier. Ambiance chaleureuse, conférences de haute volée et performances. Merci à Dominique Paquet qui a lu avec moi ce nouveau texte. Il s'agissait d'évoquer les justes et la justice. Depuis plusieurs années, je voulais travailler sur l'affaire Merah et aborder ces meurtres inouïs d'enfants. J'avais entamé une version et était resté bloqué. La commande est vertueuse pour un auteur. Elle m'a permis d'aller au bout...


manuscrit de travail

Je me souviens d'une photographie montrant le mur de journalistes à l'époque, mis à l'écart et attendant l'assaut de la police. D'où l'extrait ci-dessous...

LUI  : - Un mur d’objectifs
Pieds, caméras, appareils photos, micros et puis des têtes derrière avec des casquettes, des impers et des parapluies dessus
Pas ça respire
Ils sont là, tous tournés dans la même direction, tendus vers l’autre bout de la rue
Il pleut
De fines gouttes
Le truc qui ne mouille pas, que pourtant tu es trempé jusqu’aux os à force d’attendre dessous
C’est la nuit
Lumière orange des lampadaires se reflétant, nuage de lucioles, dans les objectifs des photographes
Le mur miroite
Pas ça bouge
Sauf le ruban plastique blanc et rouge que les policiers ont déroulé
Frontière frémissante sous la brise
Vous ne dépassez pas, ils ont dit, restez en deçà de la ligne ou on confisque le matériel
Ainsi tenu en laisse le mur s’est constitué
A minuit certains dégotent des escabeaux chez les gens du coin et montent
Des têtes se perchent au-dessus des têtes
De plus en plus haut le mur
Des témoins lumineux rouges ou verts clignotent 
Ça filme
Et il n’y a rien à filmer
Ça filme vide, la rue silence, la silhouette des gardiens de la paix, les gouttes grises
Un journaliste dit  : quand ils ont tourné I’m singing in the rain, ils ont mis du lait dans la pluie pour que ça se voie mieux à l’écran, nous, on a la transparence
La transparence il dit avec un petit rire qui tombe à plat
Ensuite pas ça parle
Ça scrute
Quand un portable sonne, tout reste immobile
Le mur, la police, le ruban même
Immobile 
On sent que ça désapprouve
Alors quelqu’un sort du mur, fait une brèche, s’éloigne de quelques pas, cause à la rédaction
La rédaction s’impatiente, veut savoir
Rien la rédaction
Se passe rien
Interroge des passants, demande la rédaction
Personne ne passe

30.5.19

Trenelle et Citron

Je pense souvent à mes voyages en outremer entrepris à l'occasion de créations de spectacles, de résidences, de rencontres littéraires ou de formations. J'en garde des souvenirs précieux qui agissent comme des moteurs. Ils me sont sources d'inspiration. J'ai en tête la vision des quartiers Trenelle et Citron de Fort-de-France tels qu'on les découvre depuis le collège Terres Sainville, rebaptisé aujourd'hui collège Aimé Césaire. En rangeant mon ordinateur, j'ai retrouvé les reproductions de deux aquarelles effectuées en 2012. Les voici. 


Trenelle 1

La falaise où s'entassent des constructions de toutes sortes me fascine toujours autant. Je suis allé me perdre dans le dédale des rues, souvent accompagné par des collégiens. Ce furent des moments d'échange inoubliables.


Trenelle 2

7.5.19

Visage pliage

Ombre et lumière. Voilà la quête que je poursuis dans mon travail sur le visage. Depuis quelques temps, j'oeuvre sur le relief seulement par incision et pliage. Il y a de multiples manières de faire. Dans les deux premiers exemples, je n'utilise que du papier blanc ou crème. C'est le pliage qui crée l'ombre.


Peut-être

Visage cri monde

L'ombre peut être renforcée par la couleur, surtout si le papier de départ n'est pas uni. 


C'est fini

Noirmoutier

Les formats sont 25x25. Notre lecture du visage est d'une grande complexité. Parfois l'expression qui advient est une surprise.

10.4.19

Exposition : Théâtre aux Mains Nues 2


L'exposition au Théâtre aux Mains Nues se poursuit jusqu'au 26 avril, du lundi au vendredi de 9h à 17h et les soirs de représentation. 

Grande tête

Elle est magnifiquement éclairée par Lionel. Venez voir et profiter du lieu qui est vraiment à découvrir...


Cris monde et L'homme qui dit oui


«Cri : lieu de la pulsion où l’énergie se cristallise, où ça pète, instant de l’existence quand les codes s’effacent depuis le cri primal jusqu’au dernier souffle.»



Installation à cris

http://www.theatre-aux-mains-nues.fr/

31.3.19

Résidence à l'accueil de jour les Balkans - restitution


Avec Evelyne Polletec et Antonio Nunez Da Silva, nous avons effectué une performance lors des deux restitutions de notre résidence à l'accueil de jour les Balkans : la première à la médiathèque Marguerite Duras dans le 20ème, la seconde dans le lieu même de l'accueil de jour avec les personnes âgées.
Les spectateurs ont, semble-t-il, été étonnés par la qualité des réflexions des patients et par la profondeur des relations que nous avons tissées avec eux et le personnel de l'accueil... Ce fut un temps chaleureux et sensible à l'image de la résidence elle-même, mêlant danse, musique, arts plastiques en direct et lecture. La grande toile et les histoires qu'elle véhicule ont impressionné.

Public regardant "Le Mur des Sensations", copyright photo Pierre Gleizes


Lors de la performance, j'écrivais des mots à l'aquarelle sur papier mouillé ou non, mots que j'effaçais à moitié avec de l'eau avant de les réécrire, de laisser la peinture fuser. Si le mot devenait incompréhensible, je l'écrivais à nouveau... et ainsi de suite...


Confiance, 29.03.19


Avec, 28.03.19

Je faisais de même avec un visage qui apparaissait et disparaissait au gré des couleurs...


Visage, 28.03.19

Articles précédents sur la résidence : ici et 
Résidence administrée par La Force Des Arts : https://www.laforcedesarts.org/

28.3.19

Hypolipo 4



Journal hypolipesque 3

Ma résidence à Orcet s'est terminée par deux lectures, l'une dans le village même, l'autre à la Gare de l'Utopie de Vertolaye. Durant les dix jours précieux de cette résidence, j'ai entamé l'écriture d'un texte intitulé provisoirement Devant et dont je ne sais encore où il va me mener. J'ai fait part de ce travail en l'état. Les retours ont été chaleureux. On m'a demandé de revenir partager le texte quand il serait achevé. Ce sera avec plaisir. Ci-dessous un extrait. 


Journal hypolipesque 4


...
S'arracher
Il faut s'arracher à la terre

Tu es arbre et tu dois t'arracher
Imagine la violence
La violence subie pire qu'une tempête 
Si tu dois t'arracher de la sorte
La violence, la privation, les horreurs enfoncées dans le corps à coups de hache, l'absence de futur
Tout cela est si énorme que tu réunis tes dernières forces et tu t'arraches
Tu perds tellement de toi en t'arrachant
Des racines qui restent enfouies
Des morceaux à vif qui se déchirent
Des lambeaux de ta chair qui se détachent même des années plus tard
Sauf que si tu restais tu serais perdu en totalité
Alors un jour
Va savoir
Tu te rassembles au mieux
Et tu t'arraches en espérant ne pas trop perdre
S'arracher est le seul mouvement possible
Le seul qui te laisse un maigre espoir
Un espoir que tu sais teinté de larmes
Un espoir bien que tu perdes une part de toi
Malgré la mort qui t'accompagne à chaque pas depuis que tu t'es arraché et que tu voyages
Oui, un espoir.
...

J'ai poursuivi également mon journal hypolipesque où se mêlent écriture et aquarelle... Une nouveauté que je compte bien développer...




Journal hypolipesque 5

Un grand merci à Aleth Bador (Orcet) et à Nathalie Carton (Vertolaye) pour leur accueil.

17.3.19

Exposition : théâtre aux Mains Nues

Du 26 mars au 26 avril 2019, j'expose au théâtre aux Mains Nues, 43 rue du Clos, 75020 Paris. 
Vernissage le 26 mars de 18h à 20h30 !


cri monde 152


Au menu, mes boites à cris, quelques sculptures et visages en relief, enfin de nombreux cris monde. En voici quelques-uns parmi les derniers.


Cri monde 160


Si vous ne connaissez pas le lieu, allez-y ! Il s'y passe toujours des événements singuliers, profonds et d'une grande poésie.


Cri monde 179


Des cris monde précédents ici et ici ou 

http://www.theatre-aux-mains-nues.fr/Pagetype2/16?menu=avecvous


14.3.19

Hypolipo 3

La résidence d'Hypolipo se déroule à Orcet, un village proche de Clermont-Ferrand. Le lieu, construit sur un reste de rempart, est agréable et comprend un fonds théâtre important. L'arrière de l'église toute proche donne sur une petite place. Une maison fait un angle. Elle porte deux indications : d'un côté Impasse des Forts, de l'autre Rue du Poète. Je ne peux m'empêcher d'y lire un encouragement : angle de rue, angle de vue... Les forts sont sans issue alors que le poète, lui...


Journal hypolipesque 2

13.3.19

Hypolipo 2



Journal Hypolipesque 1


Me voilà en résidence
Au présent
Non pas en projet
En devenir
J'y ai pensé
J'y ai rêvé
J'ai décidé je ferai ça et ça
Je me suis fixé un objectif
Même si je me disais que mon objectif justement c'est pas d'objectif
Toujours est-il que le temps s'est écoulé
Le moment est arrivé
On m'a reçu
On m'a donné la clef
On m'a dit : c'est là
J'ai fait : ah c'est chouette
Tu peux appeler si besoin
Super merci
On m'a laissé
Résultat : en résidence je suis
Donc je suis là pour quelque chose
Pas pour rien
Pour moi au moins
Et entre ce que j'ai imaginé et là maintenant il y a une différence
Un écart vertigineux
Le présent n'est jamais le futur qu'on a envisagé
Ecrire
Laisser advenir
Ce sont deux injonctions comme deux continents
L'Amérique l'Europe
Au milieu un océan et ses tempêtes
Je suis au milieu
Je navigue à vue
Pas de GPS de météo de stratège
Juste les étoiles et ma folie
Entre nécessité et nez au vent
Nécessité à quoi ?
Nez au vent à quoi ?
Petit matin
Horizon infini
Je bois le café
Faire confiance
Semble-t-il
Le futur sait...

Restitutions de la résidence à l'accueil de jour les Balkans

Evelyne Le Polletec et moi-même, nous ferons une performance avec les patients de l'accueil de jour. Ce sera le point d'orgue de notre résidence portée par La Force des Arts. Au programme : lecture, danse, peinture en direct, exposition, musique projection d'un documentaire... Comment rendre sensible ce que nous avons vécu ? Voilà le défi que nous nous apprêtons à relever...

Jeudi 28 mars, 18h, médiathèque Marguerite Duras
115 rue de Bagnolet 75020 PARIS
Vendredi 29 mars, 14h30, accueil de jour Les Balkans
1 allée Alquier Debrousse 75020 PARIS



5.3.19

Résidence à Hypolipo

A partir de la semaine prochaine, je serai en résidence à Orcet près de Clermont-Ferrand à la demande de Hypolipo. C'est un plaisir de savoir que je vais être bientôt "hors mes murs". J'aime le décalage que procure le fait de vivre dans un autre lieu et un temps différent. Le quotidien a tendance à être corrosif et prenant. Il mange petit à petit les espaces de liberté que je me donne. J'y serai une douzaine de jours. A la fois un ressourcement, à la fois un moment où cristalliser mon désir et mettre en route une écriture. Celle-ci sera sur la migration vue comme un mouvement fertile à l'image des crues du Nil et non comme un envahissement anxiogène... Vaste programme...




2.3.19

Résidence à l'accueil de jour les Balkans

Depuis novembre dernier, Evelyne Le Polletec et moi-même sommes en résidence à l'accueil de jour les Balkans. Plusieurs fois par semaine, nous rejoignons l'équipe et les personnes âgées qui viennent passer la journée. Ils sont nombreux à être atteints de maladies de la mémoire. Par le biais de la parole, de l'écriture, de la peinture et de la danse, nous échangeons. Il y a des moments de grâce d'une richesse inouïe.


"On fait avec"

Notre arrivée à 9 heures est "ritualisée". Nous installons sur la grande table une toile à peindre qui sert de nappe. Nous nous asseyons autour et nous discutons en buvant le café. Nous y inscrivons des paroles, des réflexions, des impressions. Nous y esquissons des parcours de vie qui sont autant de lignes sinueuses qui traversent la toile. Nous annotons. Nous dessinons parfois un lieu, un souvenir, un instant. VirAges... Les tournants de la vie, tel est le titre de cette résidence. Nous fixons le présent, écrit un résident. On pourrait lui donner comme titre : le mur des sensations, dit un autre...


"Je me suis levée avec de l'amour"

Au fur et à mesure du temps, des éléments ressortent, d'autres se superposent, d'autres enfin disparaissent selon les caprices du souvenir. Les quelques photos de cet article donne un aperçu de l'oeuvre en progression.


vue d'ensemble au 22.02.19

"Les yeux fermés, la tête ouverte"

Un grand merci à Véronique et la Force des Arts qui portent le projet.
Un grand merci à Amélie qui a en charge la responsabilité de l'accueil de jour.
Avec le soutien de la Fondation Abuela sous l'égide de la Fondation des Petits Frères des Pauvres, de la Fondation de France et du Centre d'action sociale de la ville de Paris.


"Laisser des traces" 
https://www.laforcedesarts.org/

2.1.19

Dialogue et ciel bleu


Pour une année 2019 sous le signe de l'échange et du respect...
Tous mes voeux !


Dialogue et ciel bleu