18.4.15

Résidence au lycée Chennevière-Malézieux 4

Mes rencontres avec les élèves du lycée se multiplient. A l'intérieur de l'établissement, existe une Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire. Il s'agit de redonner le plaisir d'apprendre à des jeunes gens au parcours souvent chaotique. En compagnie Madame Cottaz et Monsieur Touati, leurs enseignants en français, nous sommes allés les faire écrire "sur le motif" à la Gare de Lyon ou au Jardin des Plantes. Ces lycéens à fleur de peau sont souvent d'une rare vivacité et il est passionnant de partager avec eux mon amour des histoires et ma recherche sur le cri.

Elèves interrogeant un couple de touristes, image volontairement "lointaine" pour raison de confidentialité

Tu es assise sur un banc au jardin des plantes, et tu entends des gens derrière toi qui se promènent ou au contraire qui courent.
Tu entends les oiseaux qui chantent.
Une dame et son mari passent et ont l’air éblouis par les couleurs.
En parlant des couleurs, tu les vois plus belles les unes que les autres.
Tu vois du coin de l’œil une femme souriante qui promène son bébé dans une poussette rouge vif.
Tu sens le vent frais dans ton dos, ce vent qui soulève le sable.
Tu peux voir ton professeur au loin qui s’approche de toi tout en regardant d’un œil admiratif ce décor si vivant.
Les joggeurs courent tous en survêtement de couleurs fluo ou très vives. 
Tu entends au loin une camarade de classe qui rit aux éclats et un corbeau qui batifole là et là tout en poussant des cris. 
Le joggeur aux cheveux roux passe une troisième fois derrière toi. Malgré les trois grands tours qu’il vient de faire, il n’a pas l’air plus fatigué que ça. 

Une élève de MLDS

La porte n’en était pas vraiment une. En fait, c’était deux portes, qui menaient au même endroit. Elles étaient grandes, et en les regardant on se demandait, pour ceux qui voyaient plus loin que le bout de leur nez, ce qu’il pouvait y avoir derrière. 
L’une était bleue. On y voyait le ciel ou les mers des Caraïbes, un rond noir se trouvait au centre, comme une poignée.
L’autre porte était couleur noisette, un cerceau de fraiches feuilles vertes autour.
Seules, elles étaient juste jolies, même presque banales, mais ensemble, elles étaient somptueuses, à part, d’un autre monde. 
Malgré leur beauté, on y voyait une mélancolie, une tristesse, quelque chose de sombre.
En regardant le reste de la structure, on apercevait sans peine, les blessures, les bleus, et les maux causés par la vie. 

En ouvrant ces portes, en me plongeant dans ces deux univers différents, un cri, un seul surgit. Mais pas de son. Un cri silencieux, mes cordes vocales n’existent plus, ma colère et ma tristesse remplissent tout mon être. Derrière ces portes je découvre un flash back, un souvenir d’une violence atroce. Et je me demande encore comment font les portes pour ne pas craquer  ?

Une autre élève de MLDS

Logo de la résidence par un élève de 3ème prépapro

Un coup d'oeil sur les articles précédents pour en savoir davantage?




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