Voici quatre nouveaux dessins de la série Avant C. / Pendant C. , avec C. pour confinement. Ils suivent le premier publié à l'article précédent. D'autres viendront. N'hésitez pas à me laisser des commentaires...
Identité, Bruno Allain, 03.04.20 |
La bourse ou la vie, Bruno Allain, 04.04.20 |
Bonjour!, Bruno Allain, 05.04.20 |
America first, Bruno Allain, 06.04.20 |
On ne doit pas s'habituer. C'est de notre ressort.
Une dame qui a vécu les camps de concentration raconte qu'elle ne peut remplir l'attestation de déplacement provisoire. Cela lui rappelle la période des ausweis, c'est-à-dire des laisser-passer. Pour elle, demander l'autorisation de sortir est impensable. C'est le retour aux heures noires. Et elle a raison. On ne doit pas s'habituer, alors que depuis le confinement, on s'y plie sans problème. J'y ai même trouvé personnellement une vertu, à savoir que chacun est responsable, chacun s'autorise, que la signature suffit... Une sorte de confiance accordée par les "autorités"... Un leurre en fait, car chacun ne s'autorise que dans un cadre strict ; pas plus d'une heure, pas plus d'un kilomètre... Or la police veille, le contrôle est latent, toujours possible, donc pleinement là. Une auto-autorisation factice qui brouille la perception que nous avons de la réalité, maquille l'effectivité du contrôle.
La société du contrôle cherche toujours davantage de contrôle. Il ne faut pas croire que c'est seulement un "danger". Non. C'est déjà là, sous nos yeux. En Chine d'abord avec le système du crédit social où le citoyen est noté selon son comportement, c'est-à-dire son comportement vis à vis de la ligne du parti; une note trop basse restreint la liberté de l'individu (déplacement, travail...) dont le visage s'affiche sur des écrans géants et que la sonnerie de portable permet d'identifier... Oui, il y a une dictature en Chine qui contrôle stricto sensu chaque personne, chaque geste, chaque pensée... Ici aussi ensuite, c'est déjà dans nos corps. A notre insu. Il suffit d'un virus pour que se montre au grand jour ce qui était caché. Même en démocratie, nous sommes tous sous injonction, la plus pernicieuse, celle que nous nous infligeons nous-mêmes. La sécurité est toujours invoquée pour faire admettre davantage de contrôle. Nous y sommes. Pour raison de sécurité, gardez vos distance. Pour raison de sécurité, restez chez vous. Pour raison de sécurité, pas de contact. C'est bien pour cela que la peur est entretenue, manoeuvre dans laquelle médias télé et réseaux sociaux ont une grande responsabilité; peur de l'autre, peur de l'avenir, peur de l'inconnu, peur de tout ce qui sort du cadre, peur de ce qui n'est pas contrôlé. Et pourtant...
L'incontrôlé est la liberté, l'inconnu est le moteur, la curiosité est l'élan que donne l'inconnu. La vie sous contrôle est une vie de zoo. Déjà finie. Faire acte de résistance est une nécessité. Un devoir. On ne peut s'habituer.
Bruno Allain, écrit le 27.04.20.
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